Le Pic Noir
L’architecte de la forêt
Si vous avez l’occasion de
l’observer et de partager
quelques instants en sa
compagnie, vous courrez un
risque, celui de l’addiction.
Vous voilà prévenus !
PRESENTATION
“Monsieur Pic porte un casque de chantier
rouge”
Le
Pic
Noir
est
le
plus
grand
des
pics
européens
avec
ses
45
cm
de
long
et
son
envergure
de
75
cm.
Il
est
vêtu
d'un
plumage
entièrement
noir
quelques
fois
teinté
de
brun
aux
extrémités
des
ailes.
Il
est
coiffé
d’une
calotte
rouge
vif.
Monsieur
est
facile
à
identifier
avec
sa
calotte
qui
recouvre
entièrement
la
tête.
Madame
est
plus
discrète,
elle
arbore
une
simple
tâche
rouge
à
l’arrière
de
la
nuque.
Pour
ne
pas
se
tromper,
retenez
que
Monsieur
porte
toujours
un
casque
de
chantier
rouge.
Le
bec
est
blanc
pâle
sauf
l'extrémité
et
l'arête
supérieure
noirâtres,
l’iris
est
jaune
pâle,
les
pattes
grises.
Le
Pic
Noir
vit
dans
les
forêts
de
feuillus
et
de
conifères
en
plaine
et
en
moyenne
montagne.
Il
se
nourrit
essentiellement
de
fourmis
et
de
larves
d’insectes
qu’il
se
procure
en
creusant
dans
le
bois
d’arbres
morts
ou
dépérissant
en
utilisant
sa
longue
langue
rétractile.
Le
Pic
n’est
pas
fidèle
et
une
fois
la
période
de
reproduction
achevée,
chacun
vit
sa
vie
jusqu’à
la
saison
suivante
ou
de
nouveaux
couples
vont
se
former.
C’est
un
oiseau
diurne
dont
l'activité
commence
relativement
tard
en
hiver.
Il
dort
dans
un
ancien
nid
qu’il
fréquente
parfois
durant
de
longues
périodes.
Comment
le
Pic
fait-il
pour
trouver
assez
de
larves
et
d’insectes
xylophages
pour
se
nourrir
et
nourrir
sa
progéniture
?
Comment
a-t-il
pu
deviner
que
l’arbre
en
était
infesté
?
C’est
son
secret,
la
base
de
sa
survie
!
Il
défonce
les
souches
et
les
arbres
morts
tout
au
long
de
l’année,
vous
pouvez
trouver
des
souches
avec
de
nombreux
gros
copeaux
à
leurs
pieds,
c’est
le
travail
d’un
Pic
Noir.
Ensuite
la
décomposition
fait
son
œuvre,
les
fourmis
et
autres
insectes
ne
tardent
pas
à
s’installer
et
à
attirer
notre
oiseau
qui
en
raffole.
Surtout
de
leurs
grosses
nymphes
riches
en
protéines
que
sa
très
longue
langue
collante
va
chercher
au
plus
profond
des
galeries.
Les
grandes
ouvertures
verticales
le
long
d’un
tronc
de
bois
mort
sont
appelées
des
forges.
Moins
il
y
a
de
nourriture
disponible,
plus
le
territoire
est
vaste
et
plus
difficile
sera
sa
rencontre.
Le
Pic
Noir
vit
seul
sur
un
immense
territoire
de
8
à
10
km²
d’où
il
écarte
ses
congénères.
Il
mène
une
vie
en
solitaire
en
dehors de la période de reproduction.
LA REPRODUCTION
“ En une douzaine de jours, trois à cinq
oeufs vont éclore “
C’est
au
printemps
que
vous
aurez
le
plus
de
chance
de
l’observer.
Le
couple
se
forme
à
la
fin
de
l’hiver
et
commence
à
chercher
un
lieu
pour
creuser
sa
loge.
Généralement,
le
Pic
Noir
crée
une
nouvelle
loge
pour
chaque
nidification,
mais
il
peut
arriver
qu’une
ancienne
loge
soit
réhabilitée.
Pendant
la
couvaison,
(début
mai)
le
couple
se
relaie,
les
deux
membres
du
couple
partagent
les
rôles
et
c’est
le
mâle
qui
fait
le
plus
gros
du
boulot
d’incubation.
Très
vite,
en
une
douzaine
de
jours,
ce
qui
est
remarquable
pour
un
oiseau
de
cette
taille,
trois
à
cinq
œufs
vont
éclore.
Là,
commence
la
quête
de
nourriture
pour
les
jeunes
oisillons,
A
tour
de
rôle,
les
pics
vont
alors
quitter
le
nid
à
la
cadence
d’un
aller-retour
toutes
les
heures
environ.
A
leur
retour,
on
ne
distingue
pas
de
nourriture
dans
le
bec
du
Pic
car
toute
la
nourriture
est
avalée.
Le
Pic
pénètre
alors
dans
la
loge,
descend
dans
le
noir,
la
tête
en
bas
et
au
premier
contact
du
bourrelet
à
la
base
du
bec
que
comportent
les
jeunes
pics,
le
pic
adulte
ouvre
largement
son
bec
afin
que
les
oisillons
puissent
profiter
de
la
régurgitation.
L’opération
prend
entre
une
et
deux
minutes
et
on
devine
la
difficulté
de
cette
tâche
dans
l’obscurité,
tête
en
bas
dans
un
trou
sans
recul.
Pas
facile
le
rôle
de
papa
et
maman
Pic Noir !
Les
jeunes
sont
nus
à
l'éclosion
et
nourris
12
à
29
fois
par
jour
selon
leur
âge
avec
de
grosses
larves
d’insectes,
des
centaines
de
fourmis
et
d’autres
insectes.
Plus
tard,
(vers
la
fin
mai)
lorsque
les
jeunes
sont
plus
grands,
ils
sortent
la
tête
et
se
présentent
à
la
sortie
de
la
loge
en
attendant
leur
bectance,
c’est
l’occasion
unique
de
faire
la
photo
de
famille.
Les
jeunes
quittent
le
nid
à
l'âge
de
27-28
jours
vers
début
juin.
Après
leur
envol,
une
partie
d’entre
eux
est
accompagnée
par
le
mâle
et
une
autre
par
la
femelle.
L’indépendance
définitive
est
acquise
fin
juillet
ou
en
août.
Le
plumage
des
jeunes
à
la
sortie
du
nid
est
plus
ou
moins
nuancé
de
brun
avec
un
bec
nettement
plus
court,
paraissant
plus
épais.
Les
nichées
comprennent
un
peu
plus
de
mâles
que
de
femelles
reconnaissables
très
précocement
à
la
seule
observation
de
l’étendue
de
leur
calotte
rouge.
L’échec
de
la
reproduction
vient
souvent
du
Choucas
et
du
Pigeon
Colombin
qui
cherchent
à
usurper
le
nid
du
pic
avant
même
que
la
ponte
ait
commencé,
mais
surtout,
du
fait
d’inondation
du
nid
lors
de
printemps
très
pluvieux.
Le
Pic
noir
n’effectue
qu’une
seule
nichée
par
an,
mais
une
ponte
de
remplacement
est
possible
dans
la
même
cavité
ou
une
autre,
à
proximité.
La
longévité
maximale
observée
grâce
aux données de baguage est d’environ 14 ans.
TROUVER UNE LOGE
“ trouver une loge active à bonne
hauteur, bonne orientation, est plus
difficile “
J’ai
passé
trois
ans
à
découvrir
cette
espèce,
à
consulter
des
sites
spécialisés,
à
éplucher
une
étude
très
complète
de
Volker
Günther
un
ornithologue
Allemand
qui
a
inspecté
plus
de
800
loges
sur
trois
ans.
J’ai
ensuite
appris
à
repérer
les
loges,
à
comprendre
les
habitudes
du
pic,
à
reconnaitre
son
chant
ses
cris,
que
dis-je
?
ses
chants
et
ses
cris
car
oui il en a plusieurs.
Trouver
une
loge
à
pic
n’est
pas
facile
au
début,
mais
au
fil
des
trouvailles,
cela
devient
un
automatisme
et
on
décèle
immédiatement
l’arbre
qui
potentiellement
pourrait
contenir
une
loge,
c’est
même
addictif,
je
ne
peux
plus
marcher
en
forêt
sans
lever
la
tête
lorsque
je
vois
un
hêtre
à
potentiel
de
loge.
Le
plus
difficile
étant
de
trouver
une
loge
active
le
temps
de
la
ponte
et
du
nourrissage
des
petits
pics,
car
une
fois
les
petits
envolés,
cette
loge
restera
inoccupée
ou
juste
occupée
le
soir
en
guise
de
dortoir.
Lorsque
l’on
est
en
présence
d’une
loge
à
Pic
Noir,
il
est
impératif
de
prendre
ses
précautions
pour
ne
pas
déranger
l’oiseau surtout pendant la période de reproduction.
Donc
trouver
une
loge
est
devenu
relativement
facile
pour
moi
aujourd’hui,
trouver
une
loge
active
c’est
plus
délicat,
mais
trouver
une
loge,
active
à
bonne
hauteur,
bonne
orientation
et
bonne
lumière
pour
la
photo
est
bien
plus
difficile.
Et
puis
pour
ne
rien
simplifier,
le
Pic
Noir
est
très
farouche,
le
bruit
du
déclencheur
peut
le
faire
fuir.
Un
petit
conseil,
si
vous
cherchez
des
loges
faites-le
au
courant
de
l’hiver
lorsque
les
arbres
sont
dépourvus
de
feuilles,
car
une
fois
la
forêt
reverdie,
cela
devient bien plus difficile.
POUR LE DECOUVRIR
“ Surtout écoutez ! Kru kru kru… il vole.
Klieuuuuuu… il est posé. Couic-Couci-
Couic-Couic-Couic… répétitif il chante. Un
Kouic bref, il est dérangé et il le fait savoir
“
Parcourez
les
forêts
de
grands
hêtres
ou
mieux
les
forêts
mixtes
de
hêtres
et
résineux.
Cherchez
les
traces
de
son
passage
en
inspectant
les
arbres
morts
et
levez
les
yeux
lorsque
vous
êtes
en
présence
d’un
beau
hêtre,
droit,
lisse,
assez
haut,
sans
branches
sur
au
moins
6
mètres
et
le
plus
souvent
dans
un
endroit
dégagé
comme
en
bordure
d’un
chemin
forestier
par
exemple.
Mais
surtout
écoutez
!
-
Kru
kru
kru
kru
kru
kru…
l’oiseau
est
en
vol.
Lui
seul
émet
ce
cri
très
caractéristique
qui
s’entend
de
très
loin.
-
Klieuu
…,
klieuu…,
tiens,
il
s’est
posé
et
lance
cri
reconnaissable
entre
mille.
Lorsqu’il
chante
vous
aurez
droit
au
Couic-couic-couic-couic-couic…
répétitif.
C’est
un
peu
comme
le
pic
vert
mais
avec
l’expérience
on
sait
différencier
les
deux
très
facilement.
Son
chant
résonne
en
forêt
et
s’étend
sur
un
kilomètre.
Si
vous
avez
la
chance
de
le
voir
s’accrocher
au
tronc
d’un
arbre,
vous
allez
être
surpris
par
le
silence
de
son
vol
à
l’arrivée.
Seul
le
claquement
des
griffes
sur
le
tronc
sera
audible.
Lorsqu’il
est
dérangé,
il
le
fera
savoir
et
partagera
ce
dérangement
avec
ses
congénères
par un “Kouic” bref et puissant.
L’avez-vous
vu
passer
?
Son
envergure
de
75
cm,
lui
impose
de
voler
différemment
des
autres
oiseaux,
avec
ses
ailes
relativement
courtes
il
a
l’allure
du
geai
avec
peu
de
battements
il
peut
zigzaguer
entre
les
arbres.
Une
fois
agrippé,
il
va
grimper
par
des
bonds
puissants,
appuyé
solidement sur sa queue rigide.
Un
bec
blanchâtre,
un
iris
clair
et
sa
drôle
de
pupille
noire,
une
tête
anguleuse,
la
calotte
écarlate,
c’est
un
mâle.
Et
puis
tout
à
coup,
ce
grand
fracas
?
On
dirait
une
rafale
de
mitrailleuse…
C’est
le
tambourinage.
Tous
les
pics
le
pratiquent
par
exemple
sur
une
branche
sèche
qui
sert
de
caisse
de
résonnance.
Mais
alors
celui
du
pic
noir,
c’est
impressionnant,
il
dure
entre
une
et
trois
secondes,
comporte
35
à
45
coups
de
bec
et
est
audible
à
plus
d'un
kilomètre.
Le
martèlement,
des
séries
de
80-
140
coups
de
bec/minute,
exprime
l'excitation,
surtout
en
présence
d'un
congénère
et
n’est,
lui,
audible
qu’à
faible
distance.
Le
piquage
(réaction
à
un
dérangement,
par
exemple
au
nid) est encore plus faible.
LE PHOTOGRAPHIER
“ Pour le prendre en vol à l’arrivée à la
loge, anticipez le déclenchement “
Le
moyen
efficace
d’observation
est
la
tente
d’affût,
un
simple
camouflage
ne
sufffit
pas,
soignez
votre
planque
car
chacun
de
vos
mouvements
va
alerter
le
pic
et
le
déranger.
Le
Pic
Noir
se
réveille
tôt,
donc
pour
ne
pas
être
vu,
l’idéal
est
d’arriver
de
nuit.
Une
alternative
est
la
phase
d’observation
pour
anticiper
les
allées
et
venues
du
Pic.
Installez-vous
pendant
leur
absence.
Cet
exercice
pour
trouver
le
moment
opportun
de
l’installation
est
difficile
au
début,
ensuite
après
plusieurs
séances
d’observation
cela
devient
plus
facile.
Quoi
qu’il
en
soit
commencez
toujours
par
une
observation
aux
jumelles
et
à
bonne
distance
avant
d’agir
au
risque
de
le
déranger,
puis
installez-vous
rapidement
et
ne
faites
plus
aucun
bruit.
Pour
quitter
l’affût
choisissez
le
moment
où
les
pics
ont
soit
quitté
le
logement
ou
quand
ils
sont
confinés
dans
la
loge.
Après
de
longues
observations
vous
saurez
trouver
le
moment
opportun.
Lors
de
la
première
observation
du
Pic
Noir
il
ne
faut
pas
agir
immédiatement,
il
faut
prendre
le
temps
d’observer
son
comportement
et
le
laisser
s’habituer
à
votre
présence
avant
de
déclencher,
cela
est
frustrant,
mais
c’est
impératif.
Lors
de
la
phase
d’observation
aux
jumelles,
regardez
comment
et
par
où
le
Pic
accède
à
la
loge et placez votre affût en conséquence.
Avec
du
recul,
je
constate
que
le
pic
noir
est
bien
moins
farouche
qu’un
pic
cendré
ou
un
pic
vert.
Il
va
s’habituer
à
votre
présence
si
pour
autant
vous
restez
bien
caché,
immobile
et
si
vous
eliminez
le
bruit
du
déclencheur
en
habillant
votre
boitier
d’une
housse
en
complément
du
mode
silencieux.
Perturbé,
il
va
montrer
des
signes
d’inquiétude
par
de
petits
cris
plaintifs
et
puis
au
fil
du
temps,
si
la
gène
n’est
que
telmporaire
et
limitée,
il
va
s’accomoder de la situation.
C’est
là
qu’il
est
utile
de
savoir
juger
de
l’importance
des
cris
plaintifs.
Si
les
cris
sont
puissants
et
incessants,
c’est
que
vous
êtes
trop
bruyant,
trop
voyant
ou
trop
près
tout
simplement,
en
somme
que
vous
dérangez
trop
et
il
faut
alors
quitter
les
lieux.
Il
faut
apprendre
à
se
tenir
à
bonne
distance,
arriver
et
partir
au
bon
moment
et
se
faire
très
discret.
Techniquement,
une
focale
de
300mm
est
un
minimum,
couplée
à
un
boitier
APS-C
cela
peut
suffire.
Il
faut
privilégier
les
focales
à
grande
ouverture
et
un
300
f4
est
le
minimum.
Personnellement
j’utilise
un
boitier
Nikon
D750
équipé
d’un
objectif
Nikon
200-500
f5.6
à
ouverture constante, monté sur trépied.
C’est
le
milieu
qui
va
conditionner
vos
réglages.
En
milieu
dégagé
avec
une
bonne
lumière
c’est
plutôt
facile
et
votre
vitesse
minimale
pour
le
prendre
en
phase
d’arrivée
en
vol
sera
de
1/2000s
au
moins.
Lorsque
c’est
encombré
ou
mal
éclairé
et
que
la
vitesse
manque,
profitez
des
moments
où
le
pic
est
statique,
accroché
à
l’arbre,
attendez
le
moment
où
la
tête
du
pic
se
détache
du
tronc,
pour
cela
placez
votre
affût
non
pas
face
à
la
loge
mais
plutôt
de
profil.
En
milieu
encombré,
une
option
est
de
faire
des
photos
à
contre-jour,
cela
vous
permet
de
réaliser
une
photo
à
bonne
vitesse
malgré
un
manque
de
lumière.
Faites
en
sorte
que
l’oiseau
se
détache
du
fond
et
surtout
anticipez
votre
déclenchement,
car
ça
va
très
vite.
Une
astuce
est
de
préparer
votre
cadrage,
utiliser
une
télécommande
pour
déclencher
puis
de
quitter
l’œilleton
du
boitier
et
veiller
à
son
arrivée.
Il
arrive
que
le
Pic
annonce
son
arrivée
quelques
minutes
avant
par
un
cri
au
loin,
soyez
alors
très
attentif
pour
déclencher
par
anticipation.
Avec
l’habitude
on
arrive
à
déclencher
au
bon
moment
et
aujourd’hui
je
me
passe
du
mode
rafale
pour
faire
le
moins
de
bruit
possible
en
déclenchant.
Il
arrive
souvent
par
le
bas
de
la
loge
et
remonte
au
dernier
moment
en
sortant
ses
aérofreins
à
la
dernière
seconde.
Lorsque
le
soleil
joue
avec
le
feuillage
et
crée
des
ombres
ou
quand
il
éclaire
le
tronc
brillant
du
hêtre,
profitez
de
ces
instants
pour
faire
du
clair-obscur
en
utilisant
le mode de mesure d’exposition ponctuel.
Et
n’oubliez
pas,
lorsque
les
conditions
sont
difficiles,
osez
les
contre-jours,
les
ombres
chinoises,
les
reflets…
ce
n’est
pas
le
matériel
qui
fait
une
belle
photo,
mais
c’est
le
photographe
qui
aura
su
mettre
à
profit
des
conditions particulières par sa créativité.
Bref,
vous
allez
voir
qu’on
se
s’ennuie
pas
dans
sa
tente
affût
en
photographiant
le
Pic
Noir.
Dernier
point
:
évitez
les
lieux
de
passage,
de
randonneurs,
de
vététistes.
Ce
n’est
pas
qu’ils
dérangent
le
pic,
car
lui
est
habitué
à
leurs
passages,
mais
s’ils
voient
votre
tente
affût
ils
vont
venir
voir
et
discuter,
faire
du
bruit
et
le
Pic
mettra
d’autant
plus
de
temps
à
revenir
sur
les lieux, je parle d’expérience.
Vous
l’aurez
compris,
le
Pic
Noir
fascine,
me
fascine,
mais
attention
si
vous
avez
l’occasion
de
l’observer
et
de
partager
quelques
instants
en
sa
compagnie,
vous
courrez
un
risque,
celui
de
l’
addiction
et
il
est
difficile
d’en
sortir,
vous
voilà prévenus !
Sources:
Cahiers
d’habitats
“Oiseaux”
MEEDDAT-
MNHN
-
Untersuchungen
zur
Ökologie
und
zur
Bioakustik
des
Schwarzspechtes
(Dryocopus
martius)
von
Volker
Günther
-
Des
pics
et
des
arbres
par
Philippe
Legrand
&
Michel
Bartoli
-
Revue Forestière Française par M.Cuisin 1967
-
Der
Schwarzspecht
und
seine
Hölen
(Deutsche
Wildtier Stiftung Dr.Prof. Roman Herzog) -
Et évidemment mes propres observations.
•
60 loges répertoriées sur 4 ans.
•
Les 60 loges sont réparties sur 39 arbres.
•
Tous sont des hêtres d’un Ø supérieur à 40 cm
à hauteur d’épaule.
•
24 arbres comportent 1 loge.
•
11 arbres comportent 2 loges.
•
2 arbres comportent 3 loges.
•
2 arbres comportent 4 loges.
•
Les loges se situent entre 6 et 15 m de hauteur.
•
La moyenne se situe à environ à 8-9 m.
•
Les arbres sont toujours dépourvus de
branches sous le niveau de la loge.
•
Les arbres sont généralement lisses et droits
(pour ne pas faciliter l’accès aux prédateurs).
•
L’orientation des loges reste aléatoire même si
on devine un pic vers l’ouest et le sud-ouest
(voir graphique ci-contre), selon mes
observations elle dépend principalement de la
topographie du terrain.
Une loge sera placée de manière à favoriser
l’arrivée à la loge et l’envol depuis la loge,
en clair, elle sera toujours orientée vers un
endroit bien dégagé.
LE PIC NOIR en
images
Au départ juste une rencontre,
aujourd’hui, une passion
Extrait du carnet de terrain et
fréquence de nourrissage
Janvier- février:
Formation des couples.
Mars - début avril:
Creusage ou réhabilitation d’une loge.
Mi-avril - fin avril:
Ponte et incubation (12 à14 jours)
Début mai à mi-mai:
Eclosion puis nourrissage (27 à 28 jours)
Fin mai - début juin:
Envol.
Calendrier des activités
(constaté en Lorraine dans le massif Vosgien)
Arbre à 3 loges, on devine que celle du haut est la
plus récente. Celle du bas est cicatrisée. Des
traces de coups de becs sont visibles sur le tronc.
Faire une photo en contre-plongée au pied
de l’arbre est-ce source de dérangement ?
Les 3 points essentiels à mon sens:
1. La période pour faire la photo :
Ne pas vouloir faire cette photo en période de
couvaison ou de creusage de la loge lorsque la
présence des pics est permanente. Il faut choisir
le moment où les jeunes pics sont nés, car c'est là
que les parents s'absentent un bon moment pour
leur quête de nourriture avant de revenir à la
loge.
2. Le moment opportun :
Voilà l'importance de passer du temps en leur
compagnie, apprendre à savoir quand il partent et
quand ils viennent. Certes ils ne mettent pas à
disposition la fiche horaire type SCNF, mais avec
l'expérience j'ai constaté qu'il y a toujours un
créneau suffisant ou aucun des deux pics n'est
présent pour installer le trépied sans déranger. Il
faut arriver à déceler le vrai départ de la loge d'un
déplacement ponctuel où le pic reste dans les
alentours en surveillance de son congénère, cela
ne s'improvise pas mais s'apprend au fil des
années, oui, je dis bien des années et non de
quelques heures d’observation.
3. Le déclenchement :
Le boitier doit être camouflé et surtout emballé à
outrance, j'utilise un vieux sweat et j'emballe mon
boitier comme pour un envoi DHL !
Testez le résultat chez vous et n'improvisez pas
sur place en dernière minute.
Une fois le pic arrivé à l'arbre concentrez-vous sur
l'attitude du pic, ne déclenchez que quand c'est
nécessaire. Attendez qu'il tourne la tête sur le
côté, photographier sa nuque ne sert à rien ! Je
me sert du boitier dans la tente affût pour
visualiser à travers l'œilleton le moment propice
pour déclencher, si vous n'utilisez qu'un boitier,
observez aux jumelles.
Ma réponse est oui et pourtant je le pratique !
Cette question je me la suis posée lors du festival
photo Natur’Emotion de Scy-Chazelles (en 2013)
où j'ai pu m'entretenir longuement sur le sujet
avec un photographe de renom belge qui l'avait
pratiqué. J'ai alors appris qu'il faut apprendre à le
connaître, savoir décoder ses cris, son
comportement bien avant de vouloir appuyer sur
le déclencheur.
J'ai côtoyé le pic pendant 4 ans (4 saisons) sans
faire la photo que je m'étais imaginée. Je peux
aujourd'hui affirmer que je suis capable de
prendre ce type de photo sans dérangement
majeur, car on dérange toujours si ce n'est que
par sa simple présence.
Je partage aujourd'hui mon expérience
simplement dans l'intérêt du respect des règles
nécessaires si vous êtes tenté par ce type de prise
de vue.
Avant tout, préparez votre matériel à l'avance
pour minimiser le temps d'installation, pas
d'improvisation sur place. Montez votre boitier
sur le trépied, vérifiez que vous êtes capable de
maintenir le boitier en bonne position vers le haut
sans qu'il ne se dérègle (rotule non adaptée,
zoom trop « lâche »...) On teste l'ensemble avant
l'installation, on vérifie que le boitier réponde
bien à la télécommande et on s'assure que piles
et accus soient bien chargés.
Réglez le boitier en mode silencieux, utilisez une
télécommande radio de grande portée (je suis à
plus de 30m), un trépied camouflé et surtout de
quoi insonoriser votre boîtier correctement.
Personnellement j'utilise une optique fixe (300 f4),
car un zoom en position verticale peut bouger s'il
n'est pas assez « ferme » et un boitier avec un
écran orientable pour faciliter la mise au point.
Ma première tentative n'a pas été la bonne car
j'avais sous-estimé le bruit du boîtier, il faut
vraiment emmitoufler l'ensemble boitier/objectif.
Pour ce faire, je fais la mise au point sur le bas
de la loge (c'est là que viendra s'accrocher le pic),
puis je verrouille le réglage. Pas d'autofocus
Lorsque l'on débute la photo du pic noir, on
commet des erreurs, on bouge trop, on est mal
caché, on arrive au mauvais moment, on est trop
prêt, on fait du bruit et cela se traduit par un
comportement sonore du pic. Le pic perturbé le
signale à son conjoint et à son entourage par des
cris plaintifs successifs, c'est le signe que vous
dérangez.
En 2015, j'ai passé une semaine complète en leur
compagnie, 6 jours tous les jours et pourtant je
n'ai pas réussi à faire de belles photos mais j'ai
appris à les connaitre.
Alors, faire une photo en contre- plongée de
pic noir au pied de l'arbre est-ce source de
dérangement ?
Ma réponse est toujours oui, mais de manière
maîtrisée. Le moyen de m'en convaincre est le
silence du pic lorsqu'il arrive à la loge et lorsque
je fais ma photo, pas un cri d'avertissement, il
vaque à ses occupations comme si de rien
n'était.
Connaissant aujourd’hui son comportement face
au dérangement, son silence est pour moi la
meilleure des preuves.
Marc Albrecht
Photographies
Marc Albrecht
Photographies